
Troubles du traitement de l'information sensorielle


Laura CHANTEGREL
—juin 2025
Nous fonctionnons au quotidien en percevant et traitant un grand nombre d’informations sensorielles. Nous sommes ainsi capables de voir, d'entendre et avoir conscience des positions de notre corps simultanément et sans effort de concentration. Notre cerveau inhibe automatiquement certaines informations sensorielles pour se focaliser sur d’autres. Ainsi, nous pouvons lire avec du mouvement autour de nous ou encore nous concentrer sur une conversation en inhibant les bruits ambiants. Cependant, lorsqu’une personne a des difficultés de traitement de l'information sensorielle, ces tâches deviennent très difficiles à réaliser voir impossible suivant les personnes.
Pour comprendre cela, attardons-nous quelques instants sur nos sens. Nous parlons couramment des 5 sens mais nous en avons dans la réalité 8 que notre cerveau traite en permanence sans que nous en ayons conscience. Il y a donc la vue, l'odorat, le toucher, le goût et l’audition mais aussi la proprioception (conscience spatiale des positions du corps), le sens vestibulaire (la conscience du mouvement et de l’accélération par l’oreille interne) et enfin l’intéroception (sensations provenant de l’intérieur de notre corps).
Mais qu’est qu’un trouble du traitement de l'information sensorielle exactement ?
Il s’agit d’une difficulté de perception ou de traitement de l’information d’un ou plusieurs sens. Prenons l’exemple du toucher : lorsque nous percevons un contact, il faut une certaine intensité de pression pour percevoir lorsque quelque chose vient en contact avec notre peau. Certaines personnes perçoivent des intensités très faibles de contacts (hyperéactivité) et d’autres ont besoin de stimulations de plus fortes intensités pour percevoir le contact (hyporéactivité). L’hypo ou hyperéactivité peuvent être présente sur chaque sens et entraîner des difficultés comportementales ou émotionnelles qui varient en fonction des personnes.
Mais comment se manifestent ces troubles ?
Toujours en prenant comme exemple le toucher, une personne hyperéactive est très rapidement gênée par une sensation. L’information sensorielle est ainsi plus rapidement désagréable voir douloureuse. Elle peut ainsi être en réelle surcharge d’informations tactiles et développer des comportements d’évitements. Certains enfants peuvent ainsi ne supporter que certaines textures de vêtements, ne pas tolérer le contact aux étiquettes, ou être très gênés par le contact de l’eau sur le visage ou dans les oreilles…. Inhiber ces informations demande un réel effort et les jeunes enfants ne sont pas en mesure de produire cet effort. Ils développent ainsi des évitements forts ou de réels troubles du comportement déclenchés par la surcharge sensorielle.
Si nous nous représentons facilement qu’une information tactile peut être désagréable, il est plus compliqué d’identifier lorsque ces troubles touchent la proprioception, le sens vestibulaire ou l’intéroception. Ainsi des comportements comme un besoin de mouvement constant, un enfant qui refuse de monter sur une draisienne ou encore un enfant ne réagissant que très peu à la douleur sont des signes d’un traitement particulier de l’information sensorielle. De même, la question se pose pour un enfant qui ne supporte pas les bruits ou qui déclenche des réflexes nauséeux à une odeur désagréable ou à certaines textures alimentaires.
Qui est concerné par ces troubles ?
Une personne sur 20 dans la population française a un trouble du traitement de l'information sensorielle. Ce n’est pas donc pas du tout exceptionnel. Ces troubles sont des marqueurs d’un fonctionnement neurologique particulier. Ainsi, ils se retrouvent dans un grand nombre des situations : Troubles du Spectre Autistique (TSA), Trouble Déficitaire de l’Attention (TDAH), Dyspraxie (TDC), Haut Potentiel (HPI) et tous les troubles neurodéveloppementaux de manière générale. Ils se retrouvent aussi associés à des maladies génétiques, des retards de développements, des troubles anxieux et encore bien d’autres maladies ou troubles.
Mais que faire pour aider les personnes avec des particularités de traitement de l’information sensorielle ?
Dans un premier temps, un profil sensoriel est proposé afin d’évaluer précisément quel sens est touché et surtout s’il s’agit d’une hyperéactivité ou hyporéactivité. Ensuite, le profil sensoriel vient déterminer la manière dont la personne réagit et traite cette information. Mieux comprendre son fonctionnement sensoriel permet de mieux réagir et d’identifier les comportements quotidiens de surcharge sensorielle ou de recherche de sensations. Il est ainsi possible par des aménagements simples de pouvoir répondre aux besoins spécifiques sensoriels de la personne. Le profil sensoriel s’accompagne donc de préconisations d’aménagements pour apaiser et diminuer l’importance des réactions comportementales et émotionnelles. Suite au profil sensoriel, des séances de psychomotricité peuvent être proposées afin d’aider la personne à comprendre son fonctionnement sensoriel en temps réel avec des mises en situations. Les approches multisensorielles ou de l'intégration sensorielle sont alors proposées pour désensibiliser les hyperéactivités mais aussi proposer des compensations sensorielles dans le cadre d’une hyporéactivité.